Fête du Christ Roi de l’univers
Abbé Jean Compazieu | 19 novembre 2018“Es-tu le roi des juifs ?”
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En ce dernier dimanche de l’année liturgique, l’Église nous invite à célébrer le Christ Roi de l’univers. L’histoire du monde s’achèvera par le règne définitif et éternel du Christ. Les trois lectures de cette messe nous parlent de ce règne.
Nous avons tout d’abord un texte du prophète Ézéchiel. Il s’adresse à un peuple qui vit une situation désespérée. Le pays est détruit ; il vit sous une domination étrangère ; c’est vraiment la catastrophe ; beaucoup se posent des questions : “Où est-il notre Dieu ? Que fait-il ?” C’est en réponse à ce doute que le prophète intervient pour annoncer une bonne nouvelle : Dieu enverra un “fils d’homme” c’est-à-dire un homme pour relever son peuple et lui redonner toute sa place parmi les nations. Cet homme recevra une autorité sûre et confiante. Plus tard, les chrétiens comprendront que ce titre de “Fils de l’homme” désignait la royauté de Jésus.
La 2ème lecture est extraite de l’Apocalypse de saint Jean. Ce livre a été écrit bien après la résurrection du Christ. Il s’adresse à des chrétiens persécutés. L’empereur de Rome est très dur pour eux. C’est dans ce monde hostile et violent que saint Jean annonce le triomphe de Celui qui est l’Amour. Par sa mort et sa résurrection, il a vaincu la mort et le péché et il veut nous associer tous à sa victoire. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous dit que “rien ne peut nous séparer de son amour”.
Ces deux premières lectures sont une bonne nouvelle pour notre monde d’aujourd’hui. De nombreux dictateurs y règnent en maîtres. Ils font peser leur pouvoir sur les plus faibles. Dans de nombreux pays, les chrétiens sont victimes de la haine et de la violence des hommes. Mais un jour, les dictatures finissent par tomber. Il n’est pas question de vengeance : cela ne ferait qu’ajouter de la violence à la violence. Ce n’est pas par la force des armes qu’on peut obtenir la victoire contre le mal mais par celle des paroles et surtout celle de l’amour.
C’est précisément ce que nous montre l’Évangile de ce jour : Nous sommes à un moment dramatique de la vie de Jésus. Il vient d’être arrêté. On le conduit devant Pilate pour en finir avec lui. Pour se débarrasser de lui, toutes les accusations sont bonnes. On lui reproche d’être un homme dangereux qui s’oppose à l’autorité de l’empereur. Quand Pilate lui demande s’il est le roi des Juifs, il ne cherche pas à se défendre. Pour lui, ce qui est le plus important, c’est la mission que le Père lui a confiée, c’est le salut de tous les hommes. Et il veut y être fidèle jusqu’au bout.
“Es-tu le roi des juifs ?” C’est la question de Pilate ; Jésus lui répond par une autre question : “Dis-tu cela de toi-même ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? C’est aussi chacun de nous que Jésus interroge : la réponse apprise au catéchisme ou dans les livres sérieux ne suffit pas. En nous renvoyant à cette question, Jésus fait appel à notre foi. Si nous croyons en la royauté universelle du Christ, il nous faut le mettre au centre de notre vie. Il ne demande qu’à être le “Roi des cœurs”.
“Ma royauté ne vient pas de ce monde” nous dit encore le Christ. Elle n’a rien à voir avec un pouvoir politique. Jésus ne va pas s’opposer à l’empereur César. Il n’a pas de gardes qui se battront pour lui. Les quelques disciples qu’il avait se sont enfuis. La vraie royauté du Christ est celle du serviteur qui se met à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Il est le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis. Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il porte sur chacun un regard rempli de sa tendresse et de son amour. Son Royaume passe d’abord par une véritable conversion de ceux qui désirent y entrer. Si nous voulons que Dieu règne sur nous, nous devons entendre les appels à la conversion qu’il nous adresse. Avec lui, plus rien ne peut être comme avant.
Comme au temps de Pilate, ils sont nombreux ceux qui refusent la Royauté du Christ. On fait tout pour l’effacer. Dans notre monde sécularisé, on le relègue à l’exil, on le ridiculise de toutes les manières. Et surtout, nous ne devons pas oublier les très nombreux martyrs en Syrie et dans de nombreux pays.
Mais le prophète Ézéchiel et le livre de l’Apocalypse sont là pour nous appeler à l’espérance. Le mal et la violence n’auront pas le dernier mot. Encore une fois, c’est l’Amour qui triomphera. Le Christ ressuscité n’est plus visible à notre regard, mais il est avec nous jusqu’à la fin du monde. Il compte sur nous pour témoigner inlassablement de l’amour qui est en lui. C’est avec lui que nous pourrons construire un monde plus juste et plus fraternel, un monde conforme à l’esprit des béatitudes
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous nous tournons vers toi Seigneur. Donne-nous d’écouter ta voix et de faire la Vérité sous l’impulsion de ton Esprit. Amen
Sources : Revue Feu Nouveau – Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye) – Homélies du dimanche (Mgr Léon Soulier – Reste avec nous quand vient le soir (Lorette Lepage) – Dossiers personnels…